Je ne peux pas me rappeler si j’ai appelé ma débâcle à vélo qui s’est passée en septembre ma pire promenade à vélo. Si oui, je redonne cette appellation à mon expérience du week-end passé. C’était un week-end où il faisait tellement beau. Il y avait du soleil, un peu de vent, aucun nuage dans le ciel. Depuis quelques temps je voulais aller vers le sud de Paris en vélo dans la direction de Chatillon et Bagneux, où habitent deux de mes amis. C’était sûrement le jour idéal pour faire cela. Les deux ou trois dernières fois où je suis sorti en vélo, tout ne marchait pas très bien et il faisait des bruits bizarres. Et je sais qu’il était sale. Pourtant, j’ai ignoré les bruits, en espérant qu’ils se seraient améliorés d’eux-mêmes, sans que je ne doive rien faire. Ce n’était pas du tout ce qui s’est passé. En fait, c’était complètement le contraire. Au lieu de se réparer, mon vélo s’est cassé, plus précisément la chaîne. J’avais monté et descendu une grande colline et je commençais à en monter une autre dans la forêt du domaine de Meudon. Juste au moment où j’ai commencé à pousser les pédales, la chaîne s’est cassée. J’ai entendu un bruit malheureux et j’ai regardé sous mes pieds et il n’y avait plus de chaîne. Elle était à quelques mètres derrière moi sur le sol. J’étais à 15 kilomètres de Paris avec un vélo sans chaîne avec lequel je n’aurais pu que descendre par la force de la pesanteur. Mais, comme je comprendrais très vite, je n’étais pas tout seul.
La première fois ce jour là où j’ai été rassuré de la nature sympa des êtres humains c’était juste au moment où je pensais que j’étais tellement coincé. Presque immédiatement deux hommes qui profitaient, eux aussi, du beau temps dans la forêt m’ont vu et ils se sont arrêtés pour m’aider. Comme d’habitude quand j’ai besoin d’aide ou d’indications à vélo, ils ont été surpris que je sois si loin de chez moi. Mais, une fois le choc passé, avec leur aide, j’ai réparé la chaîne, suffisamment pour que je commence à rentrer vers Paris. Pourtant, je n’étais arrivé qu’au centre de Meudon, à un kilomètre de là où la chaîne s’était cassée, mais encore à 14 kilomètres de Paris, quand la chaine s’est cassée encore une fois. J’ai eu de la chance parce qu’il y avait une station RER là bas, mais j’ai rencontré le deuxième grand problème du jour. Je n’avais ni argent, ni mon passe Navigo.
Et comme c’était le deuxième endroit où j’ai pensé que j’étais complètement coincé, j’ai été de nouveau rassuré par la sympathie inhérente aux français. Sans leur avoir demandé, un couple âgé, en voyant mon état désespéré, m’a offert un ticket de RER pour que je puisse rentrer chez moi. En prenant le métro avec un vélo, il est inévitable de rencontrer des regards particuliers, mais j’étais si heureux d’avoir trouvé la solution à mon dilemme qui m’avait mis à 15 kilomètres de Paris, sans argent, sans portable, et sans moyen de rentrer, que ça ne me concernait pas du tout. Ce jour là j’ai appris l’amabilité des Français, à laquelle je ne m’attendais en rien. Je serai toujours reconnaissant envers ceux qui m’ont aidé, parce que sans eux, il est possible que je serais toujours dans le domaine de Meudon, un ermite sans argent, sans portable, ne possédant qu’un vélo et une chaîne cassée. Le retour à Paris est infiniment plus agréable.