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La danse de la France par Jessica Jaksich

« Plié, relevé, pas de chat… »

Ma première rencontre avec la langue française a eu lieu à l’âge de quatre ans dans un cours de danse classique. Après quelques années passées dans un studio de danse, mon vocabulaire français s’est enrichi.  Quand j’ai commencé à étudier le français au lycée, j’étais heureuse de trouver les mots que je connaissais déjà, les mots de la danse, dans mes devoirs. Il m’a toujours semblé que la culture et la langue française étaient vraiment intégrées dans le monde de la danse. C’est pour cette raison que je suis partie toute seule et sans aucun souci à mon premier cours de danse à Paris. Je suis allée à un studio près de la Bastille en pensant, « s’il y a une seule chose que je peux vraiment comprendre en français, c’est la danse. » On peut dire que ma première expérience de danse à Paris n’était pas comme je l’avais prévue…

Après avoir passé seulement cinq minutes dans ce premier cours, je me suis sentie complètement perdue. Oui, le prof de danse parlait en français, et il faisait les mouvements de corps très familiers, mais les mots étaient différents des mots qu’on utilise aux États-Unis. J’étais perplexe. Mon hypothèse, c’est qu’on continue à utiliser le vocabulaire original aux États-Unis, mais la langue française a continué à évoluer.

Le vocabulaire n’était pas le seul aspect du cours qui m’a surprise, mais les autres mystères, je ne peux pas les résoudre. On entend toujours que les Français sont habillés élégamment, mais maintenant, je comprends la vérité de cette phrase.  Je suis arrivée dans le studio avec une tenue de sport, qui, apparemment, n’est pas à la mode à Paris. Tous les autres portaient des jeans, des chemises et des bottes. C’était comme une double page centrale de Vogue dans le studio ! De plus, le studio ressemblait à un sauna, mais les Français ne semblaient pas avoir chaud ! Je sais, c’est difficile à croire, mais les Français ne transpirent pas. J’étais très gênée, la seule Américaine dans le cours, dégoutante et dégoulinante dans le coin de la salle.

Heureusement, il y a eu un peu de divertissement qui m’a apaisée. A la fin du cours, on a appris une nouvelle chorégraphie, a partir d’une chanson de rap américain. En nous l’enseignant, le prof a dit les paroles de la chanson qui viennent avec chaque mouvement. Il a dit des mots très vulgaires (je ne vous donnerai pas d’exemples) d’une façon complètement nonchalante, ne comprenant pas le vrai sens des mots. Je riais quand j’ai quitté le studio à la fin du cours.

On pourrait en déduire que je ne suis jamais retournée au studio de la Bastille. En fait, c’est l’inverse. J’y vais presque toutes les semaines. Même si c’était une expérience inattendue et inconfortable, c’était néanmoins une expérience. Maintenant, j’essaie de prendre un nouveau cours de danse chaque semaine, et chaque fois, j’arrive avec moins d’inquiétude, plus de déodorant et une compétence en français de plus en plus affirmée.

Automne 2011