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À la recherche du temps perdu, par Zoe Ferguson

La vie à Paris

Je suis venue à Paris avec le roman le plus célèbre de l’auteur français, peut-être le plus connu : Du côté de chez Swann, de Marcel Proust. C’est le premier tome sur sept qui font le roman entier À la recherche du temps perdu. Quand ma mère me l’a donnée, je considérais que c’était un très grand volume de plusieurs centaines de pages, et je croyais que je ne le lirai pas dans l’avion, ou même en France. Malgré tout ça, je l’ai remercié pour le livre, et je l’ai pris avec moi. Quand mon père l’a vu, il a rigolé à l’idée de Proust pour la lecture du vol au lieu de magazine ou roman romantique. J’ai rigolé avec lui.

J’ai commencé à le lire sur le vol de New York à Paris, aéroport Charles de Gaulle. Le livre que ma mère m’a donné est écrit en anglais ; bien, je n’avais aucun problème en le lisant. Comme j’avais assez peur d’arriver en France et commencer un semestre à l’étranger, je me suis arrêtée de le lire après quelques pages.

Après plusieurs jours, je me sentais un peu plus calme à Paris : j’ai déménagée dans ma chambre dans la Cité Universitaire dans le 14ème ; je connaissais assez bien les noms de mes camarades de classe, et j’ai affiché toutes les photos de mes chats et mon chien sur les mûrs de ma chambre. Tout allait bien, mais je cherchais toujours à me mettre complètement à l’aise. Donc, un soir, j’ai commencé à lire Du côté de chez Swann avant de me coucher, et j’ai trouvé que c’était vraiment difficile de le mettre de côté. Les sentiments qu’exprimaient Proust me touchaient dans mon cœur avec une force que je n’ai jamais connue. Normalement j’essaie de ne pas être si sensible, mais j’ai beaucoup aimé les mots de Proust, en qui je sentais une sorte d’âme-sœur. Dans les premiers pages du roman, Proust a écrit cette phrase comme pensée du narrateur :

L'habitude ! aménageuse habile mais bien lente et qui commence par laisser souffrir notre esprit pendant des semaines dans une installation provisoire ; mais que malgré tout il est bien heureux de trouver, car sans l'habitude et réduit à ses seuls moyens il serait impuissant à nous rendre un logis habitable.

Je n’avais jamais vu mes pensées de solitude écrites si bien sur la page. Dès mon enfance, j’ai trouvé très difficile d’accepter les changements. Ces changements peuvent être des trucs petits, comme un jour à l’école préscolaire quand le prof était remplacé temporairement par un enseignant suppléant. Ces changements peuvent même être des choses assez grandes, comme le déménagement, les changements de la structure de famille, ou bien le changement de venir en France, un pays complètement étranger, toute seule.

Les autres étudiants, dans mon programme et au dehors du programme, étaient très sympas tout de suite. J’aime bien aussi les enseignants et l’administration de programme, qui sont très gentils et offrent beaucoup d’aide avec tout enjeu. Mais je suis très reconnaissante aussi d’avoir une autre source d’encouragement dans le texte de Proust. Sa description de l’habitude m’a encouragée à avoir foi en Paris. J’avais peur de ce grand changement et tous les évènements inattendus qui sont bien sûr arrivées. Mais grâce à Proust, je savais qu’avec le passage d’un tout petit peu de temps, l’habitude me conforterait, et je me sentirais chez moi. Et c’est ça qui est arrivé.

Printemps 2016