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"Sonnez les matines !" : mes matins à Paris - par Anna Delwiche

La vie à Paris

C’est au lycée que j’ai découvert cette citation qui est devenue ma préférée. Cette citation vient d’un roman de Michael Cunningham et elle se traduit en français : « Malgré tout, on chérit encore la ville, le matin. On espère, avant toute chose, plus. » Bien que j’aie découvert cette citation il y a quatre ans, c’est mon semestre à Paris cette année qui m’a fait comprendre ces deux phrases. Dans ce processus de compréhension, mes matins à Paris sont devenus certains de mes souvenirs favoris du semestre.

Pour amorcer cette discussion, on doit commencer avec la différence entre le petit-déjeuner français et celui américain. Pendant la semaine, les Américains, et en particulier les étudiants américains, mangent n’importe quoi, c’est un petit déj rapide : une barre granola, un bagel, des céréales. A l’université, on peut trouver des dizaines d’étudiants qui négligent ce repas, dont plusieurs ne se lèvent jamais avant midi.

En ce qui me concerne, je réserve mes matins pour étudier ou finir mes devoirs. Le stress de ces matins ne me donne aucune opportunité de déguster, de réfléchir, d’observer ma ville. Certes, j’ai continué à perpétrer cette tradition d’étudier le matin pendant mon semestre ici, mais l’expérience à Paris a grandement changé mes matinées.

Mon premier matin chez ma famille d’accueil était mon introduction au petit déj français. Même si j’ai commencé le repas avec une faute grave, du point de vue d’un Français — j’ai mis du beurre sur ma brioche ! — j’ai été agréablement surprise par cette différence culturelle. Pour un petit-déjeuner traditionnellement français, on mange une tartine (une tranche de pain) avec du beurre et de la confiture et on boit du jus de pomme ou un café — un expresso bien sûr !

Pourtant, ce n’est pas seulement la nourriture qui a changé quand j’ai adopté le petit déjeuner français. J’ai appris à prendre mon temps avec ce repas. C’est tout un processus : on doit commencer le matin par aller à la boulangerie, puis on prépare sa tartine, on mange en discutant avec les autres à table ou, si on est seul, on peut lire le journal. Ce type de repas ne permet pas que nous le consommions sur le pouce comme nous Américains adorons. La tartine et la tasse nous obligent à un moment de pause pour discuter avec tous ceux autour de nous ou pour réfléchir. C’est un moment de calme avant le stress de la journée.

Après quelques semaines, le matin est devenu mon moment préféré de la journée. Je me suis habituée à me réveiller une demi-heure en avance pour me donner assez de temps pour mon petit périple à la boulangerie, la préparation de mon repas, et finalement, le repas lui-même. Quelquefois, le petit déjeuner s’accompagne d’une lecture d’un article de journal, de musique, d’une vidéo comique, ou seulement de mes pensées.

Les fenêtres ouvertes, le soleil rayonnant, les cris doux des enfants marchant à l’école… J’ai commencé à comprendre la magie de la ville et du matin. C’est Paris qui m’a enseigné comment chérir notre ville et nos matins. Mais cette leçon ne s’applique pas que dans les rues parisiennes. Elle voyage avec moi et j’espère qu’elle voyage avec vous aussi.

 

Printemps 2018