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"On ne prononce pas les consonnes finales" par Abi Bernard

La vie à Paris

“On ne prononce pas les consonnes finales » est une phrase que mes camarades de classes et moi entendions souvent par mon professeur de français, Flavien, pendant les premiers deux semestres de mon séjour à Cornell. Il est difficile pour les anglophones de faire la transition à une langue comme le français, qui a tellement plus de syllabes ouvertes (c’est-à-dire, une syllabe qui se termine avec le son d’une voyelle) que de syllabes fermées (c’est-à-dire, une syllabe qui se termine avec une consonne prononcée).

Prenez cette phrase par exemple. La phrase « I like to eat chicken with a fork and a knife, not my hands,” en anglais consiste de neuf syllabes fermées, tandis que la pareille en français « je préfère manger le poulet avec une fourchette et un couteau, pas les mains » n’a que cinq. C’est pour cela que le mauvais accent américain stéréotype dit « danz » au lieu de « dans » avec la propre voyelle nasale. L’américain ou l’américaine probablement aurait des difficulté en disant la conjugaison de la troisième personne pluriel. « -aient » ou « -ent », avec lesquels aucune de ces lettres sont prononcées.

Mais cela est une partie intégrante de la langue française. Si vous commencez à prononcer toutes les consonnes finales, vous ne parlez plus le français. Cependant, il y a des facettes qui sont optionnelles. Si vous prononcez chaque « e » (ça veut dire que vous dites vraiment acheter et pas achter), vous parlez probablement un dialecte du sud de la France. 

Toutes les langues normales ont leur gamme de différences ; on connait cela. Pourtant ces différences ne sont presque jamais sans des fardeaux invisibles. Le domaine de sociolinguistique appartient aux implications sociales, politiques, culturelles, et économies de la langue. Comme il est fascinant d’étudier comment les langues ont changé et pourquoi, ces changements ont le pouvoir de créer des divisions interpersonnelles durables, pas juste des divisions dialectiques. Peut-être vous ne pouvez pas remarquer dans votre vie quotidienne, mais prenez un autre exemple : seriez-vous plus susceptible d’écouter les conseils d’un médecin parlant Queen’s British English ou African American Vernacular English (AAVE) ? Enseigner un accent au lieu d’un autre ne peut pas être sans prix.

Je pensais souvent à propos de la difficulté, à diminuer,  enlevant le préjugé dialectique inhérent pendant que j’assistais à mon cours de Phonétique et Communication à EDUCO. Chaque séance, ma professeure, Sonia, nous fait faire des exercices pour améliorer notre prononciation et maitrise naturelle. Mais elle ne nous dit pas seulement qu’« on ne prononce pas les consonnes finales, » ou simplement qu’on ne peut pas utiliser le « r » rétroflexe qui n’apparait presque qu’en anglais. Pourtant, elle nous disait d’augmenter la tonalité (à des registres absurdement élevés, si vous me demandez) des groupes rythmiques. Elle nous encourageait à enlever autant de « e » que possible, vous restez avec « onsvoit ssoir » au lieu de « on se voit ce soir, » et prononcer également les fins des verbes futur et imparfait.

Pourquoi ? Parce qu’elle nous enseigne un accent parisien, elle ne corrige pas simplement nos fautes anglophones.

Sonia est phonéticienne, alors elle sait comment et pourquoi et quand on doit faire un son. Elle est aussi parisienne, et donc elle ne peut pas forcement nous enseigner un accent Marseillais, Québécois, Antillais, ou africain de l’ouest. Ce n’est pas sa faute ; il est simplement impossible d’enseigner une langue sans enseigner un accent. Parce que tout le monde a un accent.

Mes parents haïtiens n’ont pas d’accent parisien, même s’ils parlent le français. En fait, je m’attends aux moqueries que je vais recevoir dès que je retourne aux Etats Unis parlant comme une parisienne. Pendant que j’écoute l’intonation et la formulation de Sonia, les intonations semblent très drôles. La façon comme elle nous dit de « manger nos voyelles », si vous voulez, alors que la phrase commune devient presque inintelligible—c’est vachement marrant à mes oreilles. Mais cela n’est ni mal ni pire ni mieux ; c’ est simplement différent que le français que j’ai toujours entendu.

J’écoute dans le métro et dans la rue pour l’accent antillais que je connais et aime. Celui qui résonne soit quand vous êtes un peu fâché ou soit quand vous allez rigoler. Parfois c’est presque Créole, mais celui-ci est le français que je comprends. Ce français me rappelle chez moi, même si c’est Grand Rapids, Michigan et pas l’Haïti. Il  me rappelle les proverbes qui ne peuvent pas être traduit en anglais sans devenir intelligible, la cuisine que je reconnais, et une histoire dont je suis fière.

Sonia ne veut pas prendre mon accent, je le sais. Pour elle l’accent parisien est le français qu’elle connait, qu’elle aime. Qui pourrait la blâmer pour cela ?

La langue est compliquée. Une nuisance, une bénédiction. Comment prend-on cette réalité et enseigne la langue mieux ? Franchement, je ne sais pas, mais quand-même je vais continuer de poser la question. Je suis reconnaissante à Sonia pour tous ce qu’elle m’a enseignée—mon français est mieux grâce à elle. Et même si nos accents seront différents, nous partagerons toujours la joie de parler français.

Dans un monde plein de langues différentes, les accents ne sont pas optionnels, donc on doit trouver une manière de respecter ces différences mais continuer d’encourager la maitrise de langue. On doit essayer d’aller plus loin, rencontrer des gens qui parlent différemment de nous. Vous êtes à Paris ce semestre, mais vous avez quand-même l’opportunité de découvrir un français mondial—profitez-en.

 Quand on parle français on ne prononce pas les consonnes finales, mais avec tous les accents différents, on peut toujours prononcer une partie unique de nous-mêmes. 

Abi.

Automne 2018