Vous êtes ici

Une douce passion par Gabriella Orillac

Je ne peux pas décider si je les aime ou je les déteste. On peut dire que c’est du masochisme,  mais même si je suis allergique à l’ingrédient principal, la poudre d’amande, chaque fois que je les mange,  j’ai des rougeurs partout, je continue à en manger. N’importe quel parfum, traditionnel comme framboise et caramel,  ou plus exotique comme l’huile d’olive et mandarine ou fromage de chèvre, tous ces mets pareils, un véritable délice.

Mes sœurs, qui ont aussi étudié en France parlent toujours de macarons quand elles parlent de la France. C’est pareil avec ma grand-mère qui a beaucoup voyagé en France récemment et même avec les personnes que j’ai rencontrées dans la rue à Panama, avant de partir, qui apprenaient  que j’allais faire mes études en France pendant un semestre. Par exemple, une fille au club de gym de Panama, que je ne connaissais pas, a interrompu un jour  une conversation avec ma copine pour me dire qu’elle était vraiment jalouse de moi, et  que chaque fois qu’elle pensait à la France elle rêvait de macarons. J’aime bien les macarons mais toute ma vie je me suis demandé ce qu’ils ont de spécial et pourquoi est-ce que je continue à en manger s’ils provoquent des allergies? Il s’agit d’une affaire mythique que je ne peux pas expliquer.

Entre 2009, où je suis venue en France, et 2011 je n’ai pas vu un seul macaron, j’étais vraiment étonnée de les trouver partout.  Quelque temps a passé depuis ma dernière visite en France, mais je ne me rappelais pas qu’ils étaient si accessibles il y a quelques années.  Quand j’ai vu cette quantité de macarons, j’ai décidé que pendant les quatre mois de mon séjour à Paris, j’en goûterais la plupart pour trouver les meilleurs et pour découvrir ce qu’ils ont de spécial qui fait que tout le monde les aime, et qu’ils paient cher ces gâteaux devenus tout a coup très à la mode.

Pour essayer de mieux comprendre cette affaire de macarons, je me suis renseignée auprès de pâtissiers.  Mon obsession est tellement absurde que j’ai décidé de reporter d’un jour mon voyage aux Pays Bas pour participer à un atelier de macarons pour apprendre à les  faire.  J’ai goûté les macarons des pâtissiers les plus connus à Paris comme Ladurée et Pierre Hermé, parmi d’autres, et aussi ceux de petites pâtisseries de quartier. Malgré les effets négatifs sur mon corps (les rougeurs et la silhouette), chaque semaine, j’ai mangé entre 10 et 20 macarons. J’observais d’autres consommateurs de macarons et j’ai trouvé qu’un des aspects les plus attirants des macarons est qu’ils ont un air d’exclusivité et sont le symbole de l’élégance.

Maintenant, la popularité des macarons se propage ailleurs ; on commence à les trouver dans d’autres pays et notamment dans les centres commerciaux  aux Etats-Unis.  Les étudiants en gastronomie comme au Culinary Institute of America, une des meilleures écoles de cuisine dans le monde, essayent différentes créations et combinaisons avec les macarons.  Je me demande si cette situation changera l’image des macarons et si pour certaines personnes ce ne sera pas un symbole ou un souvenir de la France.

Aujourd’hui, après avoir mangé 200 macarons, je ne comprends  toujours pas le mythe autours de ce dessert.  Alors, il me reste juste quatre semaines en France et mon enquête sur les macarons est presque finie mais ma conclusion est loin de celle que j ‘attendais. Sans le savoir je connaissais déjà les meilleurs macarons de France longtemps avant de mener cette enquête. Si quelqu’un me demande quels sont les meilleurs macarons que j’ai mangé, je citerais un lieu, Bayonne, une petite ville dans le sud-ouest de la France pendant un voyage dans les Pyrénées il y trois ans, et trois macarons : au fruit de la passion, à la noix coco et au caramel. J’ai acheté ces macarons chez Bamas, un tout petit magasin que j’ai trouvé par hasard. Je voyageais avec ma meilleure amie et nous nous sommes arrêtées à Bayonne seulement pour faire une escale en train durant une nuit. Apparemment, le chef  Thierry Bamas est très célèbre et il vient d’être consacré Meilleur Ouvrier de France Pâtissier,  en 2011.

La partie la plus importante de mes aventures de macarons n’est pas que j’ai découvert mes préférés, mais ce que j’ai appris pendant  l’enquête. Quand j’ai commencé à écrire cet article, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire mais après avoir réfléchi un peu, je me suis souvenue d’une leçon d’authenticité  très importante que je veux vous rappeler. Parfois,  nous sommes influencés par les noms très connus de Ladurée ou Pierre Hermé, mais même s’ils sont très bons, on doit choisir ce qu’on aime parce qu’on l’aime et non parce les autres disent qu’ils sont les meilleurs. On doit toujours faire notre propre choix et ne pas laisser les opinions des autres changer notre goût.

Une fois de plus la preuve est là, un macaron est très simple et à la fois si complexe  qu’il y a des leçons de vie à retenir dans son histoire.

Automne 2011